Louis de La Blachière

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Louis de La Blachière
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Louis (Loys ou Loïs) de la Blachière[1] de Coutiers est un gentilhomme[2] poitevin, pasteur, théologien et controversiste calviniste, né vers 1530 et mort à Niort en 1607.

Biographie sommaire[modifier | modifier le code]

Troisième ministre[3] à exercer à Niort et à Saint-Gelais de 1572 à 1607, il dut souvent se réfugier à La Rochelle lors des persécutions religieuses (Massacre de la Saint-Barthélemy, troubles de 1580 et de 1585). Prédicateur réputé, il eut pour élève André Rivet[4].

De caractère impétueux, il est surtout connu pour sa controverse écrite (et fort animée[5]) avec le R.P. Jules-César Boulenger sur la messe (1595-1596), que le jésuite présentait comme nécessaire pour la rémission des péchez. Le pasteur réfuta par écrit les arguments du jésuite, arguant que la messe n'est point de l'institution de Jésus Christ. Boulenger ne se tint pas pour battu et accusa le pasteur niortais d’impiété dans une réponce aux calomnies et faussetez de L. de la Blachière. Lequel La Blachière répondit alors vertement dans une seconde dispute[6] qu’il n’avait jamais prononcé aucunes calomnies ny faussetés contre la messe, y maintenant son opposition.

On lui a aussi longtemps attribué deux responses de Michau l’Aveugle au premier livre de Mgr J. C. Boulenger (1595), dont il semble désormais acquis que le véritable auteur en soit Théodore Agrippa d'Aubigné.

Secondé dans son ministère dès 1601 par Jean (de) Chauffepied, le bouillant La Blachière, désormais infirme, s'éteignit au cours de son ministère en 1607.

Ses deux fils[7] furent eux aussi ministres à Niort, Mougon et à Saint-Gelais ; l’aîné, Jean, ministre au Cheylard (1601) puis à Mougon de 1603[8] à 1647, laissa une Histoire très-véritable et très-sacrée de la vie de Jésus-Christ notre Seigneur…, tirée de mot à mot des quatre saincts évangélistes (Niort, chez René Troismailles, 1605). De caractère moins vindicatif que son père, prédicateur réputé, Jean sut si bien se faire apprécier de sa communauté qu'il fallut plusieurs fois agrandir le temple, qui devint ainsi l'un des plus grands de la région.

Œuvres connues[modifier | modifier le code]

  • Lettres pastorales envoyées à l'église de Niort et Saint Gelais par L. de la Blachière, ministre de la parole de Dieu en ladite église, pour rappeler ceux qui sont tombés et se sont révoltés en ces troubles suscités par la ligue contre la religion réformée (1585)
  • Dispute faite par escrit, en laquelle Loys de la Blachière, ministre de la parole de Dieu en l'église réformée de Niort, maintient que la messe n'est point de l'institution de Jésus Christ. Contre Jules Cœsar Boulenger, prédicant selon la doctrine des jésuites, qui soustient la messe estre un sacrifice expiatoire pour la rémission des péchez Chez Thomas Portau, à Niort – 1595
  • Seconde Dispute faite par escrit, en laquelle Loys de la Blachière, ministre de la parole de Dieu en l'église réformée de Niort, soustient qu'il n'a prononcé aucunes calomnies ny faussetés contre la messe : ains toutes véritez, comne ennemie du sacrifice de Jésus-Christ, qui ne l'a jamais instituée. Contre Jules-Cœsar Boulenger, qui soustient la messe estre un sacrifice, le désadvouant à présent pour expiatoire Chez Th. Porthau, à Niort – 1596
  • Préface à « l’Histoire véritable de certains voiages périlleux et hazardeux sur la mer, auxquels reluit la iustice de Dieu sur les uns, et sa miséricorde sur les autres: très-digne d'être leu, pour les choses rares et admirables qui y sont contenues. » du capitaine Bruneau[9] Chez Th. Porthau, à Niort – 1599

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Variante: Blaquière
  2. Vraisemblablement d'extraction, bien alliée quoique peu fortunée - les Blachière-Coutiers furent maintenus sur preuves en 1698 dans la noblesse de la Généralité de La Rochelle par son intendant, Michel Bégon - cette famille, devenue poitevine, portait d’azur, au chevron d’argent, chargé de 3 aiglettes de sable, et accompagné de 6 flammes d’or, 3 en chef mal ordonnées, et 3 en pointe rangées ou accompagné en chef de 2 étoiles d’argent, une à chaque canton, et d’un croissant du même au-dessus du chevron. A la révocation, fidèle à ses convictions et à ses engagements calvinistes, une partie de la famille émigra en Irlande et en Allemagne, où elle fit souche (une de ses descendantes épousa le théologien et écrivain luthérien E.F. v. Ockel-Salwitz). Cf Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France, 1850, tome XI. M. Lainé. L'autre, représentée par l'écuyer Louis de La Blachière de Lisle, abjura en 1685.
  3. Après Lafayolle (1562) et Laforest (1569).
  4. La Blachière recevait régulièrement à Saint-Gelais de jeunes pensionnaires auxquels il enseignait les rudiments du français, du latin et de la religion, selon les critères de l'époque. Plusieurs lettres parvenues jusqu'à nous attestent de cette activité et de sa réputation en ce domaine (Lettre à M de la Taillée du 27 juin 1583, pages 33 à 34).
  5. L'histoire a retenu la pique finale et peu amène de La Blachière à l'adresse de Boulenger:
    ... Plus vous croirez aux cafards Jésuites,
    Loups déguisés, faussaires, hypocrites,
    D'autant plus loin de Jésus vous irez,
    Qui de la mort nous a tous retirés.

    Quatrain qui répliquait aux amabilités écrites par Boulenger sur son opposant dans les Quatre humeurs du ministre :
    ... Ton erreur, ta fureur, ton orgueil et ton fard,
    Qui t'égare et t'insense, et t'enfle et te déguise,
    Dévoyé, fol, superbe et feint contre l'Eglise,
    Te rend confus, félon, arrogant et cafard.

  6. Détail curieux: cet ouvrage comprend en annexe une lettre lénifiante, adressée directement par Boulenger à son ami La Blachière, lettre qui laisse supposer qu'une autre relation, autrement courtoise, liait les deux opposants.
  7. Il avait épousé sa cousine Jeanne du Chesne de Saint-Léger, dont postérité.
  8. Date à laquelle il y remplaça au pied levé Jean-Baptiste des Touches, déposé pour trafic d'influence au profit de son propre beau-fils, Olivier Enguerrand
  9. Le chevalier Jean-Arnaud Bruneau (le vrai patronyme étant Arnaud), sieur de Rivedoux. Militaire, ancien sergent-major sous Duplessis-Mornay puis commandant d'une compagnie à La Rochelle (1573). Proche parent de La Blachière, de l'aveu de celui-ci dans sa préface.

Sources[modifier | modifier le code]